Bordeaux, le 19 mars 2009
Par Ash le jeudi, mars 19 2009, 08:17 - Ash'ment inspiré - Lien permanent
Me lever seul, dans la pénombre de notre chambre, prendre les pièces de métal noir.
Boire l’amertume dans le silence, regarder mes chats, sentir la première chaleur de la journée s’écouler hors de moi.
Polir mon corps, sous la lame, sous l’eau chaude. L’esprit déjà pris dans le torrent des chiffres qui m’attendent… Savoir les minutes qui passent sans parvenir à éveiller mon âme.
Ce matin j’ai pris ma plus belle armure, une armure de tournois, un harnois de trois pièces au surcot blanc.
J’en ai patiemment vérifié les attaches, ajustées les sangles, graisser les articulations.
J’ai noué une cravate noire, le foulard de ma Dame.
Je suis monté sur mon destrier. Un étalon de bataille, mes armes fourbies, ma rage au ventre.
Aujourd’hui, un festin pour les corbeaux.
Puis j’ai branché mon pod, mode aléatoire.
Une voix grave s’est élevée dans l’habitacle, un tempo lourd, puis enlevé.
Abdel Malik m’a parlé.
Sous le soleil qui m’éblouit, j’ai senti mon corps frissonner.
J’ai senti mon âme s’éveiller.
J’ai senti mes larmes couler, mon armure se fissurer, la rage se noyer.
J’ai sentir mon cœur se serrer, avant d’exploser.
Je me suis effondré…
Soldat de plomb.
Commentaires
Si les batailles que vous menez vous paraissent inutiles, choisissez-en d'autres !
* Gi : je pense que comme tant d'autres, je fais un taf qui me permets de vivre, mais je ne sais le faire sans investissement personnel...
Je crois que je sais, oui, je crois. Mais Ash, si on est honnête avec soi-même, même en période de crise, on a toujours le choix. Choix de faire autre chose. Pour ma part, combien de fois ne me suis-je pas invectivée en condamnant ma pusillanimité car enfin, je pourrais décréter élever des chèvres en Corrèze (quoi que la filière agricole...) ou autre chose plus en phase avec mes aspirations profondes, et je ne le fais pas. Difficulté du changement face à des engagements pris dans le passé, face à la remise en question de toute une vie, etc. ! Mais je crois que je sais, Ash, hélas !